Saint Raymond Nonnat est né en 1204, à Portel, en Catalogne (Espagne). Il est surnommé « nonnat », parce qu’il « n’est pas vraiment né » (non-natus, en latin); il est venu au monde par césarienne tandis que sa maman venait de décéder. Il a bénéficié d’un entourage familial cultivé et religieux. Lui-même manifesta une réelle application aux études, en particulier les Lettres. Son père, pour parfaire son éducation, l’envoya à la campagne dans les environs de Portel. Il allait volontiers dans une chapelle – la chapelle Saint-Nicolas – y prier la Sainte-Vierge dont l’image sainte était vénérée. Il lui demandait de l’éclairer sur la voie qu’il devait suivre pour mériter son salut. Parvenu à l’âge adulte, il entra dans l’Ordre de la Merci, qui était une congrégation religieuse récemment fondée et vouée au rachat des chrétiens captifs des Maures. Ainsi devint-il « Mercédaire ». Les membres de cet Ordre professaient un 4ème vœu, celui de « la rédemption par le sang », qui les obligeaient moralement à donner leur vie, si tel était le prix de la libération de frères captifs, qui, victimes de l’esclavage, risquaient de perdre leur foi catholique. Saint Raymond concourut ainsi à la libération de nombreux prisonniers des Musulmans ; il connut la torture et l’emprisonnement. Prédicateur de renom, il devint procureur de son Ordre et fut créé cardinal. Il mourut à Cordoue en 1240, âgé seulement de 36 ans. Sa fête est inscrite au calendrier au31 août.
L’église Saint-Raymond-Nonnat fut construite de 1863 à 1864, sur un terrain offert par monsieur Denis-Joseph Miège, sous-commissaire de la Marine à la retraite. Elle remplaçait une église qui avait été mise en chantier, à l’endroit où se trouve aujourd’hui la fontaine de la place, en 1841, mais qui s’était effondrée en 1862. La nouvelle église fut mise sous le vocable de la Visitation-de-la-Vierge-Marie et le Cœur Immaculé de Marie, qui en est donc la titulaire. Elle fut bénite le 10 avril 1864.Saint Raymond, patron du village, n’en est que le patron secondaire. Notre église est donc nommée à tort Saint-Raymond-Nonnat » ! La première pierre fut posée le 19 avril 1863, par l’archiprêtre Bertrand, curé de la cathédrale de Toulon, délégué par Mrg Jardany, évêque de Fréjus-Toulon. La bénédiction de l’édifice eut lieu le 10 avril de l’année suivante par le même archiprêtre, l’abbé Auguste Martin étant le curé du Pradet. L’église n’est devenue, à proprement parle, église paroissiale, qu’à partir de 1894, année de l’émancipation du Pradet par rapport à La garde, pour devenir une commune autonome. L’église est de style roman.
On y observe des voutes de plein cintre. L’abside en hémicycle voûté en cul-de-four avec arcs-doubleaux, prenant naissance sur des chapiteaux également sans pilastres est précédée de deux arcs-doubleaux portés cette fois par des pilastres avec chapiteaux. Les neuf fenêtres étaient fermées par des vitraux peints. Le clocher abrite trois cloches ; une quatrième indique les heures. Elle fut « rénovée », mais aussi dépouillée d’une grande partie de son ornementation originelle (table de communion, lustres, chaire en bois, la statue représentant le Cœur-Immaculé de Marie) au cours de l’année 1978-1979. Les quatre évangélistes, qui ornent le pourtour du chœur, sont du peintre martigais, Louis Ponchin, qu’il a exécutées en 1871. On peut admirer les 14 stations du chemin de croix. Elles proviennent de l’église Saint-Cyprien de La Calle en Algérie. Elles ont traversé la mer dans un chalutier en 1962 pour aboutir chez nous. En 1981, elle s’enrichit de nouveaux vitraux qui racontent les principaux moments de la vie de saint Raymond. Ils sont du maître-verrier Ginette Balestra. Non figuratifs, ils rappellent cependant, la naissance du Saint, son baptême, sa vocation, ses vœux, sa prière, cardinal, la fondation de l’Ordre de N.-D. de la Merci, ses adieux et, au-dessus du porche d’entrée, sa gloire. De style campagnard, l’église connut une totale restauration, tant à l’extérieur (façade) qu’à l’intérieur, sous le pastorat de l’abbé Marius Boyer. La rénovation intérieure commença en mars 1996 par la peinture des murs, puis des personnages de la voûte de l’abside. Il y est représenté l’Ascension du Seigneur, par Michel Deguil.
Le nouvel autel, en marbre de carrare, est de 1983. De belle allure, il n’a pas provoqué la disparition de l’ancien maître-autel en marbre, qui est particulièrement réussi, notamment avec son baldaquin qui abrite le crucifix. La chapelle latérale de gauche s’est enrichie, en 1998, d’un orgue électronique Allen, possédant trois claviers et 48 jeux. La nef a été entièrement décorée par Michel Deguil et Daniel Ballay. Dans la chapelle des baptêmes, une majestueuse copie de « la Madeleine », de Titien, par Daniel Ballay, impressionne le visiteur. Au mois de mai 2000, Mgr Madec, évêque du diocèse, consacra l’église.
La façade extérieure fut restaurée en 2006 et fut décorée par Monica Perrin et Annie Taillemite, aidées par Daniel Ballay. Au sommet, nous lisons la devise de la ville « SEMPER SUPRA DET »qui, pour être un jeu de mots en langue latine, n’en contient pas moins une signification profonde : « Qu’il donne toujours davantage , qu’il s’agisse de Dieu ou du village. De part et d’autre du portail, on reconnaît, à droite, saint Roch (d’après Bernardo Luini, Milan), avec son chien qui le sauva de la famine en lui apportant chaque jour son pain. Saint Roch, né au XIVè siècle en Provence, prit le chemin du pèlerinage pour se rendre à Rome, en soignant les malades de la peste. Lui-même contaminé, retourna en France, mais assimilé à un vagabond, il fut emprisonné et mourut à Montpellier.
A gauche, sainte Marie-Madeleine (d’après Piero de la Francesca, Arezzo). Elle est représentée avec sa fiole du parfum qui devait embaumer le corps de Jésus au soir de sa mort. Premier témoin de la Résurrection du Sauveur, elle parvint, avec d’autres disciples du Christ,
aux Saintes-Maries-de-la-Mer, peu de temps après l’Ascension, et participa à l’évangélisation de la Provence, avec sa sœur Marthe et son frère Lazare (premier évêque de Marseille). Elle mourut à La Sainte-Baume. On peut vénérer son crâne en l’église abbatiale de Saint-Maximin. Au-dessus du portail, nous contemplons la Résurrection du Sauveur (d’après Piero de la Francesca, San Sepolcro). Le Christ est représenté sortant du tombeau, avec, à sa gauche le symbole de la mort, et, à sa droite, celle du paradis.
La façade intérieure, côté entrée, reçut, dans toute sa largeur, la fresque de Monica Pérrin et Annie Taillemite, en 2007. Elle fut réalisée, comme celles de l’extérieur, selon la technique ‘Buon fresco’. Sur la partie haute, on admire les Archanges qui appellent les élus au Paradis (d’après Luca Signorelli, Duomo, Orvieto – vers 1499). Dans la partie centrale figurent les élus au Jardin d’Eden retrouvé (d’après le ‘Jugement dernier’ de Luca Signorelli, Duomo, Orvieto –vers 1449).
Nous retrouvons les éléments rapportés dans le livre de l’Apocalypse, à propos de l’ouverture par l’Agneau des sept sceaux. Dans la nef, en hauteur, de chaque côté des vitraux, sont peints des personnages de style renaissance, représentant (en commençant par le fond, à droite) : Abraham, Moïse, David, Salomon, Isaïe, Jérémie, Ruth, Jonas, Esther, Amos Daniel, Ézéchiel, Esdras, Néhémie, Jean-Baptiste et Élie.