De haute taille, il marche vite et sourit volontiers. Si la soutane est fatiguée, l’intelligence est vive et le cœur immense. C’est un prêtre hanté par l’amour de Jésus-Christ.
Il s’appelle Antoine Chevrier.
Il est prêtre du diocèse de Lyon, né en 1826, le saint curé d’Ars, son aîné, le considérait comme un saint.
Au mois de mai 1856, il a risqué sa vie pour sauver les habitants de La Guillotière, à Lyon, menacés par les inondations.
Son courage a révélé sa charité à tout le quartier.
La même année, durant la nuit de Noël, en méditant devant la crèche, il eut une illumination intérieure :
« Je me disais : le Fils de Dieu est descendu sur la terre pour sauver tous les hommes, et convertir les pécheurs et cependant,
que voyons-nous ? Les hommes continuent à se damner.
Alors je me suis décidé à suivre Notre-Seigneur de plus près, pour me rendre capable de travailler efficacement au salut des âmes ».
Il alla s’installer aux marges de la société lyonnaise, dans les bas-fonds de la « Guille ».
Il y racheta la salle de bal mal famée du Prado ; Aux enfants démunis, il offrait ici une formation scolaire et chrétienne gratuite.
Comme il n’avait pas d’argent, il comptait sur la Providence de Dieu.
Elle se manifesta par les dons des Lyonnais, touchés par son dévouement.
Son activité fut intense ; elle se porta vers tous sans oublier les pauvres, les ignorants et les pécheurs.
Il écrivait :
« Connaître Jésus-Christ,
aimer Jésus-Christ,
imiter Jésus-Christ,
suivre Jésus-Christ,
voilà tout notre désir,
voilà toute notre vie ».
Très vite, le Père Chevrier rassembla autour de lui des hommes et des femmes attirés par son rayonnement.
Il voulait des « apôtres pour les pauvres »,
des prêtres notamment, tous dévoués à la grande œuvre qu’est le catéchisme,
et ce, dans la plus grande simplicité de vie.
Affamé de l’Évangile, dans la plus pure tradition franciscaine,
il le méditait constamment, non sans avoir recours à des commentaires,
pour y retrouver les paroles et les exemples de Jésus,
afin de « l’imiter au plus près ».
Son enseignement, adressé aux enfants et aux futurs prêtres qu’il formait, était une authentique synthèse de doctrine chrétienne, mûrie par la prière.
– La Crèche, où Jésus naquit dans l’extrême pauvreté ;
– La Croix, où Jésus offrit en sacrifice ;
– Le tabernacle, où Jésus est présent.
Là, le Père Chevrier puisait toutes les grâces divines pour son ministère de prêtre,
au service de l’évangélisation des pauvres, en particulier des enfants.
Pendant 4 ans, tout en assumant la charge de son œuvre, il fut curé de la paroisse du Moulin-à-Vent (Vénissieux).
Il mourut en 1879, âgé seulement de 53 ans.
Plus de dix-mille personnes se pressèrent autour du cercueil de celui qu’on surnommait
« le saint de la Guillotière ».
Il laissait derrière lui un souvenir lumineux.
La famille du Prado qu’il a fondée se répandit dans le monde entier, diffusant son maître-livre,
« Le véritable disciple ».
Le père Chevrier a été béatifié par le pape Jean-Paul II, à Lyon, le 4 octobre 1986.
Au Pradet, nous avons fondé un institut, ouvert tant aux prêtres qu’aux laïcs,
es Frères et Sœurs de la Mission, sous le patronage du Père Chevrier.
C’est à l’inspiration de sa spiritualité que nous avons ouvert l’établissement scolaire qui porte son nom.